Le 4 juin 2020 par Guillaume Quintin
Mon Edito pour la circulaire du 4 juin aux militants du Parti de Gauche
Les images insoutenables de la mort de George Floyd en direct sur toutes les chaines d’info ont déclenché une vague de manifestations qui ont souvent tourné à l’émeute dans tous les États Unis d’Amérique, pour réclamer #Justice4George.
L’air ravi de ce policier étranglant George Floyd avec son genou sur sa gorge est une image que nous allons tou.te.s garder en tête et pour longtemps. Elle est le symbole que, là‐bas comme ici, les services de police sont fréquemment le lieu de dérives inacceptables. En effet, il n’est pas acceptable que l’on perde sa vie dans les mains de la police, censée protéger et servir la population. Personne ne devrait avoir à subir les violences de policiers qui, on l’a vu à plusieurs reprises là‐bas comme ici s’en prennent physiquement à une personne déjà maitrisée. À Paris, la semaine passée, dans le 20eme arrondissement, un homme, menotté a dû subir le même traitement que George Floyd : plaquage ventral et genou d’un policier appuyant sur son cou. Il ne doit qu’à l’intervention des témoins de la scène que le policier arrête son geste.
Personne ne devrait perdre la vie entre les mains de la police ou de la gendarmerie. Pourtant, comme le montre l’enquête très documentée de Bastamag (https://bastamag.net/webdocs/police/ ) 676 personnes ont trouvé la mort en France entre les mains des forces de l’ordre ces 43 dernières années. Si certaines des situations décrites sont des cas de légitime défense, pour beaucoup d’entre elles les circonstances interrogent, comme la répartition géographique, l’age des victimes, ou les causes du décès (70 par asphyxie).
Il n’est plus tolérable que l’IGPN ou l’IGGN continuent de mener les enquêtes sur le corps dont elles font partie. Trop de délai, trop de laisser aller, trop de partialité dans le traitement des affaires font de ces institutions des machines à blanchir les mis en cause, voire à désigner les victimes comme coupables, qui n’ont plus la moindre crédibilité aux yeux des citoyen•ne•s au point que certaines victimes ne s’adressent plus à elles.
Nos services de police et de gendarmerie, qui détiennent la force légale, indispensable en République, doivent être des institutions exemplaires. Pour cela, il faudrait que le ministre de l’intérieur ait une véritable autorité, et qu’il soit respecté. Il faudrait que les policiers soient recrutés avec plus de circonspection et mieux « sélectionnés », et leur morale républicaine, basée sur le respect, la justice et l’égalité, évaluée. Pour cela, il faudrait que des plans de formations massifs et réguliers soient déployés. Pour cela il faudrait que ce ne soient pas certains syndicats de police, noyautés par l’extreme droite, qui fassent la pluie et le beau temps à Beauvau.
Le racisme, les LGBT‐phobies, le sexisme, sont la plaie de la gendarmerie et de la police, et l’inaction des autorités en charge à les combattre en sont le meilleur gage d’impunité. Tout ça doit cesser. Il en va de la confiance entre la population et la force publique. Il en va de la paix civile. Il en va de la République.
A aucun moment, comme on l’entend trop souvent, les éventuelles infractions commises par un homme ou une femme ne peuvent justifier qu’il/elle soit maltraité au point de perdre la vie, ni même au point de perdre un œil comme le petit Gabriel, 14 ans, 40 kilos, passé à tabac par des flics à Bondy la semaine dernière. Le rôle de la police et de la gendarmerie consiste à arrêter ceux qui enfreignent la Loi. Pas à fracasser, à « massacrer » ceux qui ont dévié du droit chemin, et encore moins ceux ou celles qui ont pour seul tort, à leur yeux, de n’avoir pas la bonne couleur de peau.
Personne dans ce pays ne devrait avoir à dire, comme Camelia Jordana : « “Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic, et j’en fais partie ». Personne !
Le Parti de Gauche réaffirme son attachement à une police républicaine qui porte haut les valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité.
Le Parti de Gauche rappelle son opposition à l’utilisation des techniques d’immobilisation potentiellement létales qui ont tué Adama Traoré (et plus récemment Cédric Chouviat) et réclame leur interdiction.
Le Parti de Gauche salue les mobilisations d’hier, partout en France, à l’appel du comité La Vérité pour Adama, salue les mobilisations à la mémoire de George Floyd aux Etats Unis. Il réaffirme son soutien à la Famille Traoré, adresse un salut de soutien fraternel à celle de George Floyd, et à toutes les victimes des violences de membres des forces de l’ordre qui, ce faisant, déshonorent leur uniforme.
Le Parti de Gauche rappelle que le respect, la justice et l’égalité entre tous les êtres humains sont une même lutte contre le capitalisme et son cortège de divisions et de haine.