Guillaume Quintin le 24 11 2019

M. le Conseiller Régional, M. le Député, M. Le Président,

Salut et Fraternité !

Je viens de m’apercevoir que vous m’avez « bloqué » sur le réseau social Twitter.

Oh, ça n’est pas la première fois qu’un•e personnalité politique me bloque, en tout cas une affiliée ou inféodée à LREM qui semble avoir décidément bien du mal avec la liberté d’expression. En effet, je suis ainsi sur le tableau de chasse de Madame Agnès BUZYN, ministre de la Santé, d’Aurore BERGE, députée des Yvelines, de Florian BACHELIER, 1^er Questeur de l’Assemblée, et d’une certaine façon je m’en honorerais presque.

Je dis « presque » parce qu’en vérité ces blocages sont la suite d’interpellations que je qualifierais d’un peu « directes » sinon « franches »… Les réseaux sociaux, et je peux le déplorer, sont un déversoir continu de torrents de boue et d’agressivité. Certes. Et je regrette de me laisser emporter moi‐même, parfois, à la facilité du brocard ou de la caricature verbale. Mais que voulez vous, deux cent quatre vingt signes, c’est bien peu. Bien peu pour exprimer parfois la colère, parfois l’indignation, voire le dégout que m’inspire la politique que vous soutenez. Vous qui fûtes un temps socialiste, enfin, « socialiste », à tout le moins membre du parti supposé tel, vous soutenez aujourd’hui la politique d’un ultra‐libéral aux méthodes de maintien de l’ordre ultra répressives, et qui tous les jours bafoue la liberté de la presse et soutient l’impérialisme américain et les coups d’états fomentés par Trump partout en Amérique Latine. Joli tableau !

Vous me bloquâtes donc ce matin après que je vous ai cité en réponse à un tweet de Roland Lescure, autre député LREM ex– « socialiste », qui se félicitait de votre interview dans le JDD. Son tweet, je cite : « Excellente interview de @RichardFerrand à lire dans le @leJDD. Sortons du défaitisme et affrontons les défis de notre temps avec volontarisme, optimisme et sens de l’intérêt général. » Auquel je répondis, je cite encore : « Le @leJDD ou la fabrique du consentement via la désinformation massive… et alors quand le JDD interview un Pinocchio du gabarit de @RichardFerrand c’est à se pisser dessus!!! » agrémenté d’une image animée de la marionnette de Gepeto où l’on voit son nez s’allonger…

En effet, que dit cet article et que dites vous dans cette interview ? Dès la première réponse à la question du journaliste (il y a des journalistes au JDD !!) qui vous demande si vous êtes inquiet des mobilisations du 5 décembre vous commencez d’aligner les sophismes et les fakenew ! Notre système de retraites, à vous lire, serait « inégalitaire » et « à bout de souffle », et vous vous targuez de vouloir construire un système « économiquement soutenable » et « juste ». « Juste », on y reviendra. Mais « économiquement soutenable » je dois vous l’accorder. One Point ! Soutenable, oui, mais pour qui ? Pour les grands groupes d’assurances et de mutuelles privés, pour les actionnaires de ces entreprises qui vont se jeter comme la petite vérole sur le bas‐clergé sur l’épargne des français ? Enfin de ceux qui pourront épargner ! Soutenable pour toutes les entreprises à qui vous allez alléger les obligations de cotisation pour leurs salariés ? En tout cas surement pas pour les millions de retraités que vous allez plonger dans la misère. D’ailleurs dès cette première réponse vous commencez à distiller le poison de la division et lâchez le mot « corporatisme »… Ouh l’affreux vilain corporatisme… Vous voulez qu’on aille sur ce terrain ? Vraiment ? Vous voulez qu’on évoque le régime particulier des parlementaires ? Vous voulez qu’on évoque votre cumul de mandats de député et de conseiller régional et des rémunérations qui vont avec ? Vraiment ? Je ne crois pas !

La suite est un enchainement, un empilement, une kyrielle d’éléments de langage tous plus gros les uns que les autres… On les voit comme un elephant au milieu de chez Henriot (les faienceries quimpéroise de renomée internationale – NDR)! Franchement, pas très fin…

Alors ce serait la neurasthénie, Manu lui parle de « défaitisme », ce que vous ne constateriez pas lorsque vous allez à la rencontre des français, dites vous ! Sauf que voilà, les français faut pas trop les prendre pour des pommes, voyez vous, et comme votre agenda est public, ils peuvent toutes et tous constater que vous ne les rencontrez pas très souvent, voire pour ainsi dire jamais. Parce que à part les déjeuner et les petits déjeuner à Matignon, au Sénat, et vos remises de médailles à vos inféodés en Bretagne, vous ne devez pas en voir beaucoup « des français ». Si vous voulez on organise une visite sur ma circo, aux Mureaux… Je suis sûr que les français de la cité des Musiciens ont plein de choses à vous raconter ! Mais passons là dessus…

Donc le 5 décembre serait « une mobilisation pour conserver des inégalités que nous ne pouvons plus et ne voulons plus assumer »… Alors là ! Bravo !! Il faudrait peut‐être, si on veut être tout à fait transparent dire à nos concitoyens la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, et ce que vous considérez être ces « inégalités », non ? A quoi pensez vous ? Allez au bout de votre logique, dites les choses clairement, plutôt que d’utiliser des périphrases où l’on sent bien que vous ne cherchez qu’à opposer les françaises et les français entre eux…

Dites leur par exemple que les femmes qui auront eu trois enfants ne pourront plus bénéficier de la majoration qui leur est accordée jusqu’ici. Dites le leur !

Dites leur que les régimes des professions libérales qui sont très majoritairement excédentaires et participent tous les ans au régime général vont se voir dépouillés de leurs « trésors » ! Dites le leur !

Dites leur que la clause du grand‐père c’est leur faire accepter de faire peser ce nouveau régime inique sur leurs enfants et petits‐enfants et donc jouer sur l’individualisme pour faire passer cette réforme au nom du « ouf‐je‐suis‐pas‐concerné‐mais‐faut‐ca‐pour‐le‐pays » ! Dites le leur ! Si vous osez !

Le reste de l’article est à l’avenant. Sophismes, fakenews et grosses ficelles. c’est proprement honteux.

Mais revenons à votre blocage, parce qu’enfin, c’était notre sujet. N’est-ce pas ? Votre blocage dit des tas de choses de l‘état d’esprit dans lequel s’exerce cette mandature. Tout d’abord il dit qu’on ne peut pas vous contredire, ni vous interpeler, ni vous brocarder. C’est dommage. Dommage et idiot. Les rois les plus puissants et les plus illustres ont toujours eu l’intelligence de tolérer qu’on les mettent en boite. C’était le rôle du Fou du Roi. Plus près de nous, les Guignols de l’Info ont eu ce rôle salvateur. La caricature et son acceptation sont le signe d’une société vivante et vigoureuse. A l’inverse, vouloir faire taire la contestation, la moquerie, sont un très mauvais signe. Notez, depuis deux ans et demi, on a eu le temps de s’y faire.

En effet, que ce soit de la part de vos Députés‐Playmobils, des cellules de com’ genre « TeamProgressistes » ou de la presse aux ordres, tout ce qui ne va pas dans votre sens est systématiquement dénigré, insulté, psychologisé, et j’en passe. C’est en général le fait des sociétés totalitaires de traiter ainsi l’adversaire politique, justement pas comme un adversaire mais comme un ennemi à abattre. Et votre blocage est le symbole de cette mise à mort ! Je bloque, donc je suis ! Pour tout dire, c’est assez veule. Non ?

Enfin quoi, je vous comparais à Pinocchio qui ne peut pas mentir sans que son nez s’allonge traduisant ainsi son forfait. Qu’ai je fait de mal ? Vous mentez et ça se voit !

Vous mentez aux françaises et aux français en leur disant que les retraites doivent etre « sauvées », alors que vous organisez l’asphyxie de la Secu.

Vous mentez en leur promettant un système « égalitaire » alors que votre seul objectif est de laminer un système, certes imparfait, en alignant tout le monde par le bas.

Vous mentez en affirmant vouloir sauver notre modèle social alors même que la feuille de route de Macron, et tout le montre, est de le mettre à bas et vite.

Bref, vous m’avez bloqué sur Twitter. Je vais m’en remettre. J’ai par ailleurs nombre d’autres comptes via lesquels je peux aller voir et diffuser ce que vous communiquez. c’est donc stérile.

Ça montre, finalement, bien plus de vous que ce que vous imaginez cacher.

Allez,

Recevez, Citoyen, l’expression de mon exacte considération.

P.S.: Vous noterez que j’ai eu la délicatesse de ne pas citer la déplorable affaire des Mutuelles de Bretagne… Comme brestois j’attends avec gourmandise les décisions de justice. Ar Wechall’