Edit this Page

5 mars 2019 Par Guillaume Quintin

Depuis le 17 novembre 2018 la France connaît un mouvement social d’un caractère et d’une ampleur sans précédent. Chaque samedi, depuis bientôt quatre mois, des dizaines, voire des centaines, de milliers de personnes se retrouvent, le plus souvent dans une ambiance familiale et festive, vêtus dufameux Gilet Jaune, pour défiler et revendiquer dans les rues de toutes les villes de France.

Initialement unis contre la pression fiscale et la création de nouvelles taxes sur les carburants qui allaient pénaliser toujours les français les plus fragiles, le champ de leurs revendications s’est élargi pour réclamer aujourd’hui plus de justice fiscale, plus de justice sociale et plus de démocratie. Incapable de comprendre et d’entendre les revendications légitimes des français dont le quotidien pâtit gravement des conséquences de la politique libérale qu’il mène au seul bénéfice des ultra‐riches, Emmanuel Macron a choisit l’option de la répression violente des manifestants plutôt que le dialogue et la concertation et donc la réponse politique. Les annonces sur le pouvoir d’achat, les fameux « 10 milliards » qui, tous comptes faits, ne seront peut être que 3 ou 4, ne sont en réalité qu’un cautère sur une jambe de bois, quant au « Grand Débat National » il n’est en réalité qu’une vaste opération d’enfumage dont la seule visée consiste à porter la parole officielle d’En Marche aux 6 coins de l’Hexagone dans l’optique des élections européennes du 26 mai prochain. Les français n’étant pas dupes, ils ne se démobilisent pas et sont, contrairement au story‐telling officiel toujours aussi (plus?) nombreux dans la rue samedi après samedi. Mais cette mobilisation leur coute cher, très cher même ! D’après le Ministère de l’intérieur le bilan est le suivant : Chiffres officiels (Ministère de l’Intérieur) au 26.02.2019 : 2 100 blessés, 10 «dommages irrémédiables à l’oeil», 8 701 interpellations, 1 796 condamnations, 243 signalements déposés à l’IGPN, 133 enquêtes de l’IGPN, 12 122 tirs de LBD, 1 428 tirs de grenades lacrymogènes instantanées, 4 942 tirs de grenades de désencerclement et… 1 400 blessés parmi les forces de l’ordre. Il s’est encore aggravé ce samedi 2 mars. Mais ces chiffres bruts ne disent pas tout, ils taisent même certaines réalités telles le décès de Zineb Redouane, cette octogénaire marseillaise, victime d’un tir de grenade depuis la rue alors qu’elle fermait ses volets au 4eme étage de son immeuble ! A cet égard, l’infographie issue des près de 500 signalements recueillis par le journaliste David Dufresne est éloquente ! (voir ici) Notre pays n’a pas connu une telle répression sociale depuis la guerre d’Algérie. C’est inédit. Mais ce weekend une limite a été franchie. En effet, ce samedi 2 mars, vers 17h30, alors qu’il quitte la manifestation pour récupérer son vélo et rentrer chez lui, le Député Loïc Prud’homme, élu France Insoumise, est victime d’un matraquage par les FDO après qu’il se soit fait connaître et ait décliné sa qualité de député. A l’issue de l’évènement, Loïc Prud’homme relate celui ci sur une vidéo postée sur les RS (Tweeter). Moins de deux heures après le Préfet de Nouvelle Aquitaine, Didier Lallement, tweete son soutien aux FDO et assume sans le dire explicitement le matraquage d’un député de la Nation. Ce mardi 5 mars, lors des QAG à l’Assemblée Nationale, Loïc Prud’homme interpelle le Premier Ministre, sur l’incident et réclame la relève du Préfet Lallement. C’est le Ministre de l’intérieur Christophe Castaner qui répond à la question, traite carrément Loïc Prud’homme de menteur en mettant en doute sa version des faits, et justifie qu’il ait été violenté par sa police, sur l’air de « vous n’aviez rien à faire là » ! On croit rêver ! Nous militant.e.s de la France Insoumise, élu.e.s, syndicalistes, militants des partis et organisations humanistes, écologistes et universalistes dénonçons avec force cette transgression du principe intangible, parce que Constitutionnel, de notre République qu’est la protection en tout temps, en tout lieu et en toute circonstance de l’intégrité physique des Députés. Nous répétons que le rôle de la Police Républicaine est de protéger cette intégrité physique, quel que soit le prix de cette protection. Nos députés représentent le Peuple qui les a élus, en cela ils sont la représentation de notre souveraineté de citoyens devant qui et devant quoi le pouvoir exécutif est responsable et doit rendre compte de son action. En transgressant ce principe, ce policier, et avec lui, en justifiant son geste, le Préfet Lallement et le Ministre Castaner, en renversant la charge de responsabilité, tous se placent délibérément hors du champ républicain et démocratique. Ces faits nous préoccupent au plus haut point en cela qu’ils traduisent l’acceptation du franchissement d’un point de non retour par l’Exécutif. Il apparaît clairement que la maitrise de la situation lui échappe et que les conséquences de telles prises de position ne sont absolument pas appréhendées ni anticipées. En effet, un esprit de revanche politicard court‐termiste nous fait prendre le risque collectif de voir se libérer totalement et finir de désinhiber les policiers, qui pouvaient encore avoir quelques scrupules à appliquer des ordres dont les effets démontrent à quel point ils sont iniques, et qui dorénavant savent que tout leur est permis. Il devient évident alors que le pire est à craindre et que ces messieurs en seront responsables. Car enfin, si ceux qui ont la charge de l’État n’en respectent plus les piliers, alors il ne faut pas s’attendre à ce que ceux qui sont censés faire respecter l’ordre aient eux même des limites, ni que ceux qui s’opposent à eux ne s’en fixent à leur tour. A ce compte là, nous sommes #EnMarche vers le chaos. Aussi, nous réclamons instamment la relève de ses fonctions du Préfet Lallement, la démission immédiate du Ministre Castaner, et les excuses du Premier Ministre au Député Prud’Homme.

Les Insoumis des Yvelines