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25 avr. 2019 Par Guillaume Quintin

Est il, comme on a tenté de nous le vendre, ce sémillant jeune premier qui, grâce à son charme et sa séduction, va enfin réussir à faire plier Merkel? Est‐il celui qui va “enfin” réussir à réformer la France, ce pays conservateur et techno, enferré dans un “modèle social archaïque” ne convenant plus aux “défis de notre temps”? Est il ce progressiste né qui va remettre la France dans “le bon sens”?

Ou est il tout à fait autre chose, que pour le moment on préfère ne pas voir? Est‐il ce progressiste bien décidé à “libérer les énergies”, “dynamiser l’économie par des choix ambitieux et audacieux” que personne jusqu’ici n’a osé faire? Ou bien est‐il au contraire tout autre chose, qui serait la face sombre et froide d’une légende, d’une mythologie, d’un storytelling clair et lumineux?…

Je n’ai pas l’intention de revenir ici sur comment Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir, d’autres l’ont fait et avec plus de talent que je n’en aurai jamais. A ce sujet, l’excellent « Crépuscule » de Juan Branco est à lire absolument si vous ne l’avez pas encore lu. On comprend à la lecture de ce texte, que le petit Emmanuel n’est pas arrivé là « par hasard », qu’il ne s’est pas, contrairement à ce qu’il aime répandre, « fait tout seul », mais qu’il est bel et bien le produit d’une stratégie mise en place par l’oligarchie, « La Caste », pour définitivement faire main basse sur les richesses du système français, et que son ascension est le fruit de ses rencontres successives favorisées par l’ambition démesurée de celle qui, ayant flairé le petit génie, abusa de lui alors à peine pubère au sortir d’un cours de théâtre.

Il a quinze ans, elle en a trente huit, et Brigitte va tout faire pour faire grimper son champion dans les charts de l’intelligentsia politico économique parisienne et cosmopolite… En revanche, il semble que la « belle histoire » qu’on a essayé de nous vendre soit en train de glisser vers quelque chose de sale, voire même de très sale. Je m’alarmais ici même il y a six semaines du traitement qui avait été réservé à notre député Loïc Prud’Homme, matraqué par les flics du Préfet Lallement, pas encore remercié par Castaner pour ce beau geste républicain et qui lui vaudra quelques jours plus tard d’être promu Préfet de Police de Paris.

Cet évènement marquait pour moi un basculement, il était le trait d’union entre une période et une autre où d’un seul coup l’on passait d’une relative démocratie républicaine à un régime autoritaire et illibéral. Je m’inquiétais de l’état de la répression à l’égard du mouvement social depuis le 17 novembre, même si les « épisodes précédents », 1er mai 2018, et avant, sous Hollande, la répression des manifs anti Loi ElKhomri, avaient déjà des airs sud américains des 70’s, on sentait bien la tension s’accroitre contre ceux, vêtus de jaune ou pas, qui ne demandent que dignité et justice sociale, fiscale, environnementale et démocratique.

Fin mars, j’expliquais dans mon précédent billet pourquoi, selon moi, Macron ne céderait pas aux demandes des Gilets Jaunes. Il est en mission, “embauché” dans l’objectif de fracasser notre système social, non pas parce qu’il prélève trop mais parce qu’il est encore, aux yeux de La Caste, trop favorable au peuple et pas assez aux 1 ou 2 % qu’ils sont à vouloir nous tondre à tout prix… Notre système social est « trop protecteur » , comprenez qu’il en donne trop à ceux qui sont les plus faibles et qui “cerise sur le gâteau” vivent “aux crochets de l’état”… Enfin bref, toujours les mêmes bêtises bien réacs…

Puis il y eut l’incendie de Notre Dame De Paris. Que l’on croit ou pas en un Dieu révélé, que l’on soit catholique, ou pas, nous voilà condamnés à l’affliction, par décret… On dirait que Johnny est mort une deuxième fois : la contrition doit être totale et générale, et “qui-ne-pleure-pas‑n’est-pas-français-ouais ! “…

Alors, chacun a ses propres raisons d’être touché, ou pas, par cet incendie dont la rapidité et l’ampleur ont été tout à fait extra‐ordinaires. Pour ma part, moi qui aime les vieilles pierres, plus que le symbole religieux, c’est l’atteinte à l’aspect historique, patrimonial et universel de ce chef d’oeuvre qui m’a touché. Ce sont les heures de travail, le génie des architectes, l’adresse des ouvriers, des compagnons et la quête du dépassement technique qui m’ont été rappelés alors que les flammes s’emparaient de l’édifice, en même temps que l’incroyable besoin des hommes d’expression d’une spiritualité…

L’accident offre immédiatement, et sur un plateau d’argent (et quel argent !) à Macron l’opportunité d’un coup de comm’… Lui qui devait nous abreuver des conclusions du Grand Dégât National, le voilà l’oeil humide et l’air contrit au chevet de Notre Dame. Enfin, l’air contrit, faut le dire vite… Il fut tout de même surpris à se gondoler avec son Premier Ministre, nous donnant l’occasion de voir la presse mainstream se livrer à un bel exercice de post vérité comme on en a régulièrement depuis deux ans.

Eh oui, deux ans !

Je ne reviens pas sur l’épisode de l’immédiate générosité des ultra riches de ce pays, faisant don, en 36 heures, d’un milliard d’euro, sinon pour dire leur obscénité à être capables de réunir autant d’argent en si peu de temps pour une cause, fut elle universelle, qui n’est qu’immobilière. Non! Ils ont trouvé à bon compte l’occasion de faire parler d’eux et de leurs entreprises avec un coup de com qui leur rapportera toujours bien plus que ce qu’il leur a couté. Ce qui est obscène c’est que ce milliard a été donné par les champion de l’évasion fiscale, et que s’ils payaient “normalement” leur du à la collectivité celle ci n’aurait pas besoin de leurs dons, y compris pour protéger son patrimoine architectural et historique!

Une facette inquiétante de ce pouvoir est la négation de la légitimité de toute opposition. On le voit avec les gilets jaunes. Aucune de leur revendication n’est reprise par Macron et sa bande. Aucune. Au contraire ! Quand les Citoyen•ne•s réclament une augmentation des salaires, il propose une journée de travail en plus… gratuite ! Quand ils/elles réclament plus de justice fiscale, Macron et sa bande proposent une baisse des impôts, avec une baisse des services publics, déjà exsangues… Et pendant ce temps là, on les traite de factieux, de violents, de fachos, d’antisémites, et l’on se gargarise d’en avoir trouvé une vingtaine qui gueulaient à ceux qui les éborgnent et les amputent depuis cinq mois « suicidez‐vous » ! Alors que dans le même moment, l’immense majorité des manifestations se faisaient aux cris de « Ne vous suicidez pas, rejoignez nous ». Qui en parle ? A coté de ça, les opposants politiques ou syndicaux sont traités comme des parias, inquiétés par la flicaille, perquisitionnés, mis en examens ou poursuivis sous les prétextes les plus insignifiants, dérisoires, ou simplement montés de toutes pièces !

Les propos des sympathisants LREM sur les réseaux sociaux sont à l’avenant : Les français ont voté, ils ont élu Macron pour 5 ans, maintenant « vos gueules », c’est lui qui commande ! Il commande, oui, et de quelle façon ! Macron cherche en permanence le “manu‐a‐mano” avec le peuple. Depuis deux ans, il a consciencieusement mis à l’écart les corps intermédiaires. Les syndicats d’abord, traités comme quantités négligeables lors de la réforme du code du travail. Ils ont été conviés à l’Elysée non pour faire entendre leurs points de vue mais pour recevoir la parole du Président. Les ONG et autres associations ont été asphyxiées par la réforme fiscale supprimant l’ISF et la suppression des emplois aidés, les partis politiques, sont traités depuis le début du quinquennat comme un mal nécessaire, et les élus locaux méprisés! Quant aux parlementaires de la majorité, c’est “En Marche ou crève” et ils sont réduits à une machine à timbrer les textes qui sortent tout droit de l’Elysée, parfois avec un détour par le ministère concerné pour “faire genre”, tandis que les députés de l’opposition parlementaire sont tout simplement traités avec le plus profond mépris par leurs collègues de la majorité ainsi que tout ce qu’ils peuvent proposer, par principe, la majorité n’hésitant pas, régulièrement, à reprendre à sa sauce les bonnes idées de l’opposition et s’en attribuer la maternité!!

Au secours!

Le Grand Dégât National est l’expression parfaite de ce besoin de tout contrôler directement qu’a Pharaon, et de sa volonté d’instaurer ce lien direct avec les français. On en a eu un aperçu lors de l’affaire Benalla avec sa fameuse sortie “S’ils cherchent un responsable il est devant vous, c’est moi, qu’ils viennent me chercher !”… Un peu facile et pas très courageux puisque le Président de la République est couvert par son immunité présidentielle, et il le sait… Son rêve, son modèle c’est donc celui d’une relation directe avec les français, dans laquelle lui seul saurait ce qui est bon pour eux.

D’ailleurs l’hémorragie de conseillers et ministres qu’il subit depuis quelques mois semble en être la preuve. Plus personne ne veut continuer à bosser au Château où il se murmure que l’ambiance y est exécrable.

Ce Grand Dégât a d‘ailleurs été un vrai morceaux d’anthologie, et sans doute sera‐t‐il analysé par l’Histoire comme un moment de manipulation de masse d’un rare génie ! Macron a en réalité appliqué à l’échelle du pays les techniques de “management du changement” pratiquées en entreprise : Discours grandiloquent sur la nécessité de rassembler tout le monde au‐delà des clivages/statuts pour accomplir une destinée commune, implication des personnels (salariés/citoyens) à travers un questionnaire “orienté”, dépouillement à la “transparence absolue” pour au final faire “comme il a dit le chef”, à ceci près que puisque ça sort de là où VOUS l’avez mis, vous avez juste à la boucler, puisque c’est vous qui l’avez voulu, et puis c’est tout! « Verstanden ? »… L’allocution multi‐diffusée, voire omni‐diffusée, de la conférence de presse de ce jeudi 25 avril sur les mesures suite au Grand Dégat Nationnal illustre parfaitement cela! On pourrait les résumer à “On va faire comme j’ai dit qu’on allait faire”. Vous avez dit “exercice démocratique”? Fume!

Pendant ce temps là, les samedis se suivent et se ressemblent depuis cinq mois, et samedi dernier ne fit pas exception. Les citoyennes et les citoyens défilèrent à nouveau un peu partout et se virent à nouveau gratifié•e•s d’un déchaînement de violence dont la gratuité, la lâcheté, et la sauvagerie vont crescendo de semaine en semaine. David Dufresne, écrivain, documentariste, journaliste, a répertorié et recensé près de 700 signalements d’usages immodérés, disproportionnés, de la force publique. Son travail relève 86 cas de journalistes blessés. 86 en 23 « Actes ». Quatre par semaine. Blessés pour avoir tenté de faire leur boulot de rapporter au public ce qu’ils voient. Les vidéos pullulent sur le réseaux sociaux où l’on voit les journalistes pris à partie, insultés, frappés, par les forces de l’ordre, voire carrément pris pour cibles des canons à eau et des tirs de LBD.

Jusqu’à l’épisode de ce W.E. et les arrestations de Alexis Kraland et de Gaspard Glanz. Gaspard Glanz est journaliste indépendant, il a été interpelé Place de la République à Paris, violemment, par une demi‐douzaine de CRS alors que, cherchant le commissaire avec qui il avait discuté quelques minutes auparavant pour se plaindre d’un tir de grenade à ses pieds, il est repoussé violemment par un flic de la CSI à qui il répond par un doigt d’honneur. L’expression de son mécontentement lui a valu 48 heures de garde à vue, dont il ressort avec de sévères contusions et une partie de son matériel professionnel HS. Déféré immédiatement devant un juge, il écope d’une interdiction de territoire sur Paris tous les samedis, et le 1er mai, jusqu’à sa comparution en… octobre ! Autant dire qu’on l’interdit de travailler. C’est un assassinat économique pour ce journaliste qui depuis 10 ans documente les violences d’état, où qu’elles s’opèrent. Son travail sur la jungle de Calais lui vaut d’être fiché S . Comme si informer le public représentait un danger! Il faut croire que oui… Mais pour qui ?

Il ne faudrait pas prendre cet épisode à la légère. Il n’est pas anodin. En effet, il est le dernier point d’orgue d’une symphonie pas très mélodieuse dont ce pouvoir nous joue la partition ignominieuse depuis deux ans où les atteintes aux libertés individuelles et publiques vont s’accélérant. Encore, nous apprenons que le Ministère des Armées a convoqué les journalistes de DISCLOSE.ngo dans le cadre d’une enquête pour “compromission du secret de la défense nationale” après diffusions de leurs informations contredisant toutes les déclarations de Florence Parly, des membres du gouvernement et de Macron lui même niant que des armes françaises soient utilisées au Yemen. On se souviendra avec gourmandise du selfie de Macron avec MBS, prince héritier du trône d’Arabie Saoudite, celui qu’il avait sobrement appelé “mon frère”!

À quoi joue‐t‐on là, sinon à chercher à intimider des journalistes dans l’exercice de leur droit le plus strict, celui de nous révéler des informations présentant un intérêt public majeur? Un article de l’Humanité nous apprend que 79 journalistes ont été blessés, insultés ou inquiétés par les force de l’ordre durant les manifs des Gilets Jaunes. C’est extrêmement inquiétant parce que visiblement il n’y a aucune sanction de prise contre les policiers ou gendarmes qui se conduiraient mal alors que “en même temps” un doigt d’honneur a valu à Gaspard Glanz de passer 48 heures en GAV, et que le moindre refus d’obtempérer vaut aux gilets Jaunes qui s’y laissent aller un embastillement immédiat et pour certains de la prison ferme.

Souvenons nous ici des déclarations de la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, paradant devant les caméras pour indiquer qu’elle avait donné des instructions de fermeté exemplaires aux tribunaux, baffouant par là les plus élémentaires règles de séparations de pouvoirs. Et en même temps si quelque chose de ce genre devait émouvoir une macroniste, surement nous en aurions déjà été informés!

Selon Me Jeremie Assous, avocat, une trentaine de journalistes «indépendants», comprendre non salariés, pigistes, donc les plus vulnérables économiquement, ont été directement victimes de la part des forces de l’ordre pendant les manifs de Gilets Jaunes de “mise en danger délibérée de la vie d’autrui, non‐assistance à personne en danger, entrave à l’exercice de la liberté d’exercer une activité professionnelle et délit de violence aggravé par l’usage d’une arme et la qualité des forces de l’ordre.

Certains journalistes se font fait insulter, d’autres confisquer leur matériel, d’autres encore violenter avec des matraques ou des LBD. Bien souvent, les infractions se cumulent”. (L’Humanité le 24/04/19)

Toujours dans la même séquence, des agents de l’APHP faisaient circuler l’information selon laquelle le fichier SI‐VIC destiné à collecter les infos sur les victimes d’attentat serait utilisé pour ficher les Gilets Jaunes blessés lors des manifs, contre toute légalité et en détournement manifeste de son objet premier.

Tout ça a lieu en plein état d’urgence permanent, après le vote d’une loi dite “anti‐casseurs” qui est en réalité une loi anti manifestants, et décrite et décriée par toutes les ONG de défense des droits de l’Homme, les associations et syndicats d’avocats, de magistrats comme la plus liberticide votée depuis Vichy!

Après que Michelle Bachelet, la Haut‐Commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU a alerté le gouvernement français, et sollicité qu’une enquête soit diligentée sur les graves dérives de violences policière dans notre pays, à l’occasion des opérations de maintien de l’ordre lors des manifs de Gilets Jaunes, son intervention lui valut les commentaires les plus désobligeants et méprisants des thuriféraires de la macronie et des tombereaux d’injures sur les réseaux sociaux.

Rappelons simplement aux sbires de la macronie que la (le) Haut‐Commissaire au Droits de l’Homme n’est pas un gadget de l’ONU. Elle dirige le Conseil des Droits de l’Homme qui a succédé à la Commission des Droits de l’Homme qui, lors de sa création en 1946, était la plus haute instance de l’ONU. Rien que ça! Il faudrait que tous ces gens aient un minimum de culture politique et historique, ce dont ils manquent cruellement.

Mais nous ne sommes pas au bout de nos inquiétudes ni de nos “surprises”… La semaine passée, nous découvrîmes, avec une certaine gourmandise, soyons francs, doublé d’un réel effarement, que la meneuse de revue européenne de LREM, la ci‐devant Nathalie Loiseau, née Ducoulombier, fut en son temps candidate estudiantine sur une liste… d’extrême droite! Et pas dans la demi‐mesure puisque, étudiante à Science Po, elle s’alignait sur un truc issu du GUD, de sinistre mémoire. Prise les doigts dans le pot de confiture amère, la sus‐dite essaya de se dépêtrer du bazar, d’abord en accusant les documents produits d’être faux, puis en s’enferrant dans une logorrhée indigeste que personne n’a gobée tentant de nous faire croire qu’elle ne savait pas que la liste était d’extrême droite, “d’ailleurs il y avait même des gaullistes” (sic)…

Le vieux Charles a du faire un tour complet dans sa boite! Les propos de la même Loiseau il y a quelques mois dans l’hémicycle sur le “shopping de l’asile” auquel se livreraient les pauvres exilés à la dérive en Méditerranée, et qui reprennent mot pour mot la rhétorique de Marine Le Pen, ne laissent aucune ambiguïté sur les fonds vaseux de la pensée de la dame.

Pour une liste, encore une fois censée “faire barrage” et être le rempart contre l’extrême droite, pardon, mais il y a de quoi pouffer… Pouffons! Le fait est que tout cela mis bout à bout, le tableau qui se dessine est assez sinistre… voire carrément affreux… Et encore n’ai je pas fait un panégyrique exhaustif de tous les moments, les prises de positions, les post vérités, les discours orwelliens qui nous montrent avec cette lancinante, constante et implacable évidence que le pouvoir instauré par LREM et Emmanuel Macron est bel et bien de nature fasciste et totalitaire.

Alors bien sûr, nous ne sommes pas encore en dictature à ce stade, nul n’est encore mort en prison sous la torture, encore que! Il suffit de taper “mort commissariat” dans un moteur de recherche pour se rendre compte que ça n’est pas si rare que ça, et que les circonstance de ces drames sont rarement élucidées, la famille d’Adama Traoré en sait quelque chose. Toutefois nul disparu corps et âme n’est à déplorer à ce jour. En revanche, la façon dont les forces de l’ordre répriment les manifestations de Gilets Jaunes depuis cinq mois est le signe d’un régime qui exerce une pression coercitive énorme sur la population. Les statistiques officielles sur ces manifs du samedi sont proprement hallucinantes: Chiffres officiels (Ministère de l’Intérieur) au 24.04.2019 2200 blessés, 10 «dommages irrémédiables à l’oeil», 8 700 gardes à vue, 1 796 condamnations, 433 signalements déposés à l’IGPN, 209 enquêtes de l’IGPN, 4 enquêtes administratives, 38 enquêtes de l’IGGN, 22 enquêtes transmises au Parquet, 13 460 tirs de LBD, 1 428 tirs de grenades lacrymogènes instantanées 4 942 tirs de grenades de désencerclement 1 628 blessés parmi les forces de l’ordre (voir Allo Place Beauvau, par David Dufresne).

C’est du jamais vu… Il n’y a pas un seul flic en activité, pas un seul CRS, qui ait jamais vu un tel déchainement de violence de toute sa carrière… Si, peut‐être à Notre Dame des Landes… Il faut comprendre que La République en Marche n’est que l’instrument de la mise en oeuvre du dépeçage méthodique et systématique de notre modèle socio‐économique et que pour y arriver, Emmanuel Macron n’a pas d’autre choix que de mettre en place un régime autoritaire et fascisant.

Le “néo libéralisme” de Macron est un néo fascisme, il en a tous les attributs ou presque… En effet, à la différence du fascisme mussolinien qui entendait contrôler l’économie, le fascisme macronien, lui, est un tenant du libre marché. En revanche, les appels incessants au rassemblement de tous les français derrière lui, la désignation, encore dans son allocution post Grand Dégât, des Gilets Jaunes comme un genre d’ennemi intérieur (homophobes, racistes, antisémites, violents, factieux – rien ne leur a été épargné), les lois et les prises de positions ouvertement xénophobes sinon racistes (Loi Asile Immigration, refus de l’Aquarius, reprise par Castaner de la réthorique de Marine Le Pen sur les ONG complices des passeurs), le fichage permanent et intensif de la population (photographie des CNI dans les manifs de Gilets Jaunes pour pouvoir sortir des nasses, fichier SI‐VIC à l’APHP), l’acceptation, la mise en oeuvre et la justification de politiques inégalitaires (“dans les gares on croise des gens qui réussissent et d’autres qui ne sont rien”, la destruction de l’école), le recours permanent à l’émotion à la moindre occasion (Johnny, Notre Dame) et sa théâtralisation, la propagande incessante, à travers les chaines de radiotélévision des commanditaires de Macron, et la servilité absolue du service publique de l’audio‐visuel, tout cela est la marque d’un régime fasciste

L’immixtion du pouvoir dans tous les aspects de nos vies, en tout cas de celles de ses militants, par le mélange des genres incessant de ces représentants (Schiappa chez Hanouna, et réciproquement, la séquence “vis ma vie” de Mahjoubi, etc), le manuel du parfait militant pour défendre Macron au diner de Noel, tout cela est la marque d’un régime fasciste…

Le fascisme se définit lui‐même comme “totalitaire”, et peut se résumer par une formule de Mussolini : “Tout dans l’État, rien hors de l’État, rien contre l’État” (Wikipedia). On pourrait en dire autant de LREM/Macron: “Tout dans LREM, rien hors de LREM, rien contre LREM”!

LREM qui a ses “Chemises Noires”, ces armées de trolls haineux qui infestent les réseaux sociaux et se jettent en meutes sur les opposants au régime… Ajoutez à ça un discours orwellien permanent, une novlangue incroyable qui dit l’exact inverse des mots qu’elle emploie, et vous aurez la touche finale au tableau! En voir le dernier avatar en date avec la publication du bouquin d’Emelien et Amiel, tous deux “conseiller spécial” de Pharaon, “Le Progrès ne Tombe pas du Ciel” (eux non plus visiblement!) et qui nous ont abreuvés pendant huit jours de cet affreux baratin managérial creux de substance et vide de sens, sur tous les plateaux de connivence audio‐visuelle lutécienne.

Leur chef d’oeuvre s’est arraché à raison de moins de 4000 ex. a première semaine. A titre de comparaison le dernier Ruffin, “Ce Pays Que Tu Ne Connait Pas” a fait 40000 la première semaine, et le “Crepuscule” de Juan Branco a fait plus de 60000. Voila! Encore une fois, il faut garder à l’esprit que Macron doit, pour avoir “le job d’après”, contenter ses maitres, qui eux se foutent bien de la démocratie, seul compte pour eux le montant des dividendes de fin d’exercice, et peu importe les moyens.

L’oligarchie, La Caste, a toujours préféré les fascistes à la gauche, c’est le fameux “plutôt Hitler que le Front Populaire”, qui privilégie les intérêts des puissances économiques sur l’intérêt général humain. Les deux se nourrissent réciproquement. Dans cette perspective, il apparait que toutes les forces humanistes, écologistes, sociales, et (réellement) de progrès doivent résister!

Le prochain rendez vous a lieu ce samedi 27 avril, puis vient le 1er mai… Après l’interview de Jean Luc Mélenchon, dans Libé ce 24 avril, qui en appelle à une fédération du Peuple de Gauche (pas une soupe de sigles, ni une guirlande de logos, hein!) j’ai l’espoir qu’il sera entendu et qu’enfin tous les “tièdes” qui jusqu’ici partagent nos idées, amplement saluées par 7 millions de voix à la présidentielle, tous ceux‐là nous rejoindront, car il y a urgence ! Urgence climatique, on le sait, urgence sociale, on le voit, et urgence démocratique, on peut de moins en moins le dire!

Salut et fraternité!

P.S.: J’aurai pu évoquer aussi la séquence sur la tentative de réhabilitation de Pétain, celle de recours à l’armée contre les Gilets Jaunes, l’appel de Luc Ferry à “tirer dans le tas”, etc, etc etc… Je ne l’ai pas fait… Les symptômes sont pléthoriques et l’exhaustivité n’est pas une obligation… Je vous fais confiance pour amalgamer à ceux que j’évoque les épisodes qui vous viennent naturellement à l’esprit…